Haïré, la province Soninké
Haïré est une province de Soninkara située entre le Nord-Est du
l'actuel Sénégal
et le Sud de l'actuelle Mauritanie. Bien avant la colonisation de
l'Afrique par les européens, depuis l'Empire Soninké du Wagadu (Empire
du Ghana), les villages Soninké étaient organisés et subdivisés en
Province. Waoundé fait partie de cette province
Soninké de Haïré. D'autres provinces Soninké existent également, comme le Gajaga, le Guidimaxa, le Diafounou, le Xaniaga, le Jombuxu, etc.
Avec la participation de Siaïbou Camara ( Propos recueillis et retranscrits par Siaïbou Camara)
Les fondateurs des villages de cette province
viennent pour la plupart de la province du Guidimakha qui est une autre
province Soninké. Les 4 villages qui composaient à l’origine la
province de Haïré sont : Waoundé (appelé Biraula), Goumal (Makhana), Dembankani (Benila) et Yérouma (Sandiara). Birau Moussa, Makha Moussa, Beni Moussa et Sandiara sont de même père et ils se sont dispersés pour créer ces différents villages où chacun a fondé sa propre famille.
D’autres villages de Haïré doivent leur création à des villages de la même province de Haïré à l’instar de Toulèl qui a été fondé par des personnes originaires de Goumal, Wompou par des gens de Yérouma, etc…
D’autres villages actuellement dans la province de Haïré ont été fondé
par des Soninké qui sont venus de la province du Gadiaga. Il s’agit des
village comme Hadoubéré.
Les principaux villages qui composent aujourd’hui la province de Haïré sont : Goumal, Toulèl, Waoundé, Hadoubéré, Yérouma, Wompou et Dembankani. Dembankani est le dernier village de Haïré frontalier avec la province du Gadiaga. Les deux provinces sont séparées au niveau de Dembankani par le bras du fleuve dénommé « N’diorolé xoolé ». C’est de ce bras du fleuve que serait né le cousinage à plaisanterie qui existe, aujourd’hui, entre les gens originaires de Haïré et ceux de Gadiaga.
Il eut dans ce lieu de rudes batailles sanglantes entre villages de
Gadiaga et ceux de Haïré. La paix qui fut scellé dans ce lieu de « N’diorolé xoolé » donna naissance à ce cousinage à plaisanterie.
Ce sont les Soumaré qui occupent la chefferie dans les principaux
villages de Haïré. Les Cissé sont les marabouts à Dembankani, à Yérouma
et à Waoundé, les Diakhaté à Wompou et les Sakho à Goumal. Les Siby
occupent le rôle de « Mangu », rôle de médiateur et de juge, ainsi que
d’attaché de protocole du chef de village ( « Débé goumé »).
Les « Mangu » ont une longue histoire qui est étroitement liée à celle
des Soumaré de Haïré. Les anciens racontent l’histoire des « Mangu » de Haïré
dans le récit suivant (1) :
"
Les « Mangu » étaient des chasseurs et ils ne vivaient
pratiquement que de la chasse. Ces guerriers chasseurs avaient
l’habitude, à la fin de chaque chasse, d’arranger une lutte interne
sans merci qui doit désigner les bénéficiaires des proies chassées par
le groupe ; ces bénéficiaires sont en principe les survivants des
combats. Ces combats post-chasse étaient organisés dans un endroit
appelé « Daakha ». Un jour, en rentrant de chasse au « Daakha », ils
constatèrent qu’ils n’avaient pas assez de proies chassées et
décidèrent de retourner à nouveau chasser dans la brousse en laissant
les proies déjà obtenues ainsi que leurs affaires à leur lieu de
rencontre habituel : le « Daakha ». Après leur départ, quelqu’un passa
derrière eux et partagea équitablement le butin qu’ils avaient chassé
entre les affaires de chaque chasseur avant de disparaître. A leur
retour, les chasseurs furent surpris de constater qu’un intrus avait
pénétré dans leur « Daakha », mais le partage équitable que cet intrus
avait fait convenait à tout le monde et tout le monde se contenta de sa
part. Ce jour-là, il n’y eut pas de combat interne pour se départager
les proies chassées. Au second jour, le même scénario se produisit et
les chasseurs qui trouvèrent cela curieux décidèrent d’en aviser le
chef des « Mangu » de ce phénomène. Ce dernier les ordonna de faire un
piège pour capturer cet intrus qui s’immisçait dans leurs affaires.
Les
chasseurs mirent en place un piège qui consista à déposer de la viande
dans leur « Daakha » et de se cacher dans les buissons et d’attendre
que l’intrus se présente avant de le capturer. Leur piège fonctionna,
puisque l’intrus se fit capturer.
Après plusieurs jours de captivité, le mystérieux prisonnier ne
prononça pas un mot ; en outre, il ne buvait et ne mangeait rien. Les «
Mangu » décidèrent de le marier à une vierge, en espérant qu’il
parlera. Après son mariage, il fut aussi difficile de lui faire dire un
mot jusqu’au jour où il décida de partir. Ce jour-là, il s’adressa à
son beau-père, le chef des « Mangu » pour lui signifier qu’il désirait
s’adresser à tous les « Mangu ». Le Chef des « Mangu » convoqua alors
tous les « Mangu » devant l’étranger. Il s’adressa à eux en leur
expliquant qu’il n’était pas un humain et qu’il faisait ce partage
entre les chasseurs car il ne pouvait pas supporter qu’ils s’entretuent
tous les jours juste pour se partager le butin de la chasse de la journée. Sa
dernière recommandation était que sa femme était enceinte et qu’elle
accouchera d’un garçon qu’ils devraient appeler « SELIBINT ». Une fois
ce garçon grandira, ils devraient le nommer chef en lui mettant
sur la tête le bonnet royal ; les « Mangu » deviendraient auprès de «
SELIBINT », des juges, des médiateurs, des messagers et même des
facilitateurs. Après cette dernière parole, l’étranger disparut sans
laisser de traces.
C’est alors que « Selibint » porta le nom de Soumaré et que ses oncles
et cousins les « Mangu » devinrent ses messagers et médiateurs.
"
Arbre généalogique de la descendance de Selibint :
Selibint mis au monde Bouli Selibint, Berme Koli, Bessere Koli et Boukare Ngande.
Boukare Ngande est le père de Hoore Boukare et ce dernier est le
géniteur de Silman Kola. Silman Kola est lui-même père de deux garçons
: Dalla Silman et Bana Silman. C’est de Dalla Silman que descend Moussa
Dalla Silman qui est l’ancêtre des Soumaré de Haïré et avec ses fils
Birau Moussa (de Waoundé), Makha Moussa (de Goumal) et Béni Moussa (de
Dembankane). Birau et Béni sont de même mère : Khoumba Seydi Yaffa ;
Makha serait leur demi-frère.
Bana Silman, de son côté serait le père wutuman Bana et de Omar Bana
qui serait l’ancêtre des Soumaré du Gadiaga (Laani, Balou, …) sauf ceux
de Yélingara qui seraient originaires de Waoundé.
(1) : Cette histoire est une légende
("xisa en Soninké"), racontée généralement par les "geseru" (griots) et
les anciens qui la détiennent par la tradition orale.
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